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Ce Mardi 29 Juillet, visite extraordinaire de l'Abbaye du Thoronet pour la journée. Organisée bien sûr par Alain Raynaud comme les journées déjà faites dans la région d'Arc sur Argens ou de Draguignan.
Voir les précédentes.
Le Thoronet, l'une des trois abbayes cisterciennes de Provence, l'Abbaye du Thoronet, l'Abbaye de Sénanque, l'Abbaye de Silvacane.
Un rappel, la règle de St Benoit.
Elle est écrite au 6ème siècle, par Benoit de Nursie pour le monastère du Mont Cassin qu’il fonde entre 520 et 530 en Italie.
Benoit élabore une règle de vie commune équilibrée et fondée sur la réhabilitation du travail manuel et du travail intellectuel.
Le pape Grégoire le Grand (590-604) s'emploiera à diffuser cette règle, ce qui contribuera au développement des abbayes bénédictines dans toute l'Europe durant les 7ème et 8ème siècles.
Le nom de "Benoit" donnera naissance à l'ordre des "bénédictins", ordre d'appartenance des futurs clunisiens, cisterciens et trappistes : il peut à juste titre être considéré comme le père du monachisme occidental.
Sa Règle sera reprise par Benoît d’Aniane au 8ème siècle et généralisée. L'objectif de cette règle est de parvenir à la sainteté en laissant la "grâce de Dieu agir progressivement en soi" : respect du silence pour laisser parler Dieu, obéissance au supérieur, humilité, pauvreté et charité, partage du temps entre 8 prières quotidiennes (dont les vigiles entre 2 et 3h du matin), le travail manuel (conçu comme une libération spirituelle) et les lectures sacrées (lectio divina).
Dans cette règle, La journée d'un moine devient, (Les horaires sont donnés à titre indicatif, en effet, ils changeaient suivant les saisons : ici plutôt l’été)
Vers 2h30-3h du matin : les moines quittent leurs lits ; ils descendent l’escalier qui mène dans le choeur de l’église et assistent à l’office des Mâtines ou Vigiles
De 3h à 5h : lecture puis repos et ablutions Au levé du jour : office des Laudes
De 5h30 à 6h : repos ou lectio divina
De 6h à 7h : office de Prime
De 7h à 8h : Chapitre : réunion des moines dans la salle capitulaire ; un moine lit un chapitre de la règle et l’abbé le commente. Les moines confessent leur désobéissance à la règle. Suit une discussion sur les tâches à accomplir à l’abbaye ce jour-là.
De 8h à 9h : travail
De 9h à 10h : office de Tierce : la grande messe.
De 10h à 12h : travail ou lecture
De 12h à 13h : office de Sexte, marquant la fin de la matinée.
De 13h à 13h30 : déjeuner au réfectoire
De 13h30 à 14h30h : sieste (méridienne) ou lectio divina
De 14h30 à 15h : office de None
De 15h30 à 18h : travail
De 18h à 18h30 : office de Vêpres
De 18h30 à 19h : dîner de quelques légumes et fruits accompagnant les restes du pain de midi : la collatio
De 19h à 19h30 : les moines s’alignent sur les bancs de pierre du cloître pour entendre la lecture faite par l’un des moines.
De 19h30 à 20h : office de Complies
Vers 20h : les moines montent au dortoir, et se couchent sur leur paillasse, dans leur habit, une couverture de laine grossière tirée sur eux.
D'abord quelques rappels sur ce que sont les Cisterciens.
Les Cisterciens sont des Bénédictins issus des Clunisiens. Cluny est mal gérée par des abbés médiocres qui développent les richesses, les apparats, les ors. Un moine Robert, abbé de Molesmes, veut organiser le retour à la vie monastique avec une vingtaine de moines.
En simplifiant, les moines doivent accomplir 8 prières par jour, s'adonner au travail manuel et à l'écriture car "en dehors des offices, c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres."
Le travail doit être organisé de telle sorte qu'il n'oblige pas les frères à sortir de la clôture du monastère : "Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire : de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture."
Ces moines sous l'influence de Robert de Molesmes partent fonder l'abbaye de Citeaux, dans un vallon sauvage, entre les forêts de Bourgogne et de Bresse. De l'abbaye mère partent des moines dans d'autres sites pour fonder des abbayes filles.
Chaque nouveau monastère peut ainsi essaimer pour fonder des abbayes filles. En 1090, l’arrivée de Bernard de Fontaine va donner à l’ordre sa véritable dimension.
Voilà pour une histoire très simplifiée de la naissance de cet ordre monastique.
Les abbayes cisterciennes sont toutes conçues sur le même schéma directeur, qui s'adapte bien sûr au terrain.
Pour le Thoronet, ce schéma de principe est accordé aux contraintes du terrain ainsi.
1/ une église orientée, c'est-à-dire axée sur l'orient, l'est qui doit permettre au soleil d'atteindre le chœur au lever du soleil, celui-ci représentant la lumière divine. Dire orientée à l'Est est donc un pléonasme mais je vais le pratiquer car depuis cette période, le mot orienter ne veut plus seulement dire axer à l'est.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Orientation_(g%C3%A9ographie)
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/orienter/56481
Son chœur est construit au départ car l'abbaye ne peut pas être consacrée tant que le chœur n'existe pas. Le chevet de l'abbatiale se doit d'être le plus simple possible, droit généralement.
Au Thoronet il est construit en "cul de four" mais garde toute sa simplicité avec seulement trois ouvertures, pour la Sainte Trinité certainement.
Il n'y a pas de portes principales pour l'église puisque c'est une église abbatiale. Les moines y accédaient par un escalier descendant des dortoirs pour les messes très matinales, ou par la porte donnant sur le cloître.
Les convers rentraient par une des deux portes de la nef, celle située au nord.
La porte située au sud était la porte des morts, celle permettant de sortir les corps des moines morts pour aller les enterrer dans le cimetière commun derrière le chœur.
Le chœur est encadré de petites chapelles car, en plus des prières de moines, chacun en tant que prêtre devait dire une messe chaque jour.
2/ Les vitraux, qui ne sont pas d'époque ici, sont des copies des seuls vitraux cisterciens réels, ceux de l'abbaye d'Aubazine en Corrèze.
Ces vitraux doivent être « albae fiant, et sine crucibus et pricturis », blancs, sans croix ni représentations.
Motifs géométriques et végétaux sont les seules représentations. Les vitraux cisterciens sont exclusivement des verrières dite en grisaille dont les motifs s'inspirent de pavements romans.
3/ Les carreaux des sols dans les dortoirs et le cloître sont des carreaux d'argile et non du marbre ou de la pierre. Les moines deviennent maîtres dans la fabrication des dallages avec des motifs géométriques crées par estampage.
4/ Le cloître est normalement carré pour représenter la simplicité de la terre. Ici, cette forme est légèrement déformée à cause des contraintes techniques. Il inclut le lavabo où les moines faisaient leurs ablutions.
Une travée du cloître possède un banc en pierre pour permettre de procéder au lavage des pieds des moines par l'Abbé.
5/ La seule salle chauffée était le scriptorium où les moines faisaient de la copie. Il fallait que le chauffage permette aux mains de pouvoir écrire. Bien sûr, les cuisines étaient chauffées par le feu des cuissons.
Quelques photos de cette journée.
D'abord le rendez vous est donné parking Rainaud au Thoronet, ce qui était nécessaire.
Bien sûr, J&B était là, mais le photographe aussi.
Le matin a été consacré pour une petite heure à l'étude de l'architecture du cistercien comme particularité dans l'architecture moyenâgeuse, le tout dans une salle au bout de la rue Saint Félix.
Puis, idée géniale, un pique nique au bord d'une rivière dans un coin si idéal qu'à la fin, J&B se sont endormis.
L'après midi, arrivée à l'abbaye.
L'arrivée se fait par les bâtiments des convers
Ensuite le cloitre
Le lavatorium
La salle capitulaire ou salle du chapitre
La nef
Le cimetière sur l'arrière de la nef
Un enfeu sur le mur sud de l'église
C'était là quelques photos. Une certitude, cette abbaye nécessite une plus grande visite maintenant que j'ai mieux compris l'architecture et le principe de construction des monastères cisterciens, ce qui était le but de cette journée organisée par Alain Raynaud.
Le soir repas dans un bon restaurant capable d'accueillir 50 personnes dans un délai très court avec un repas très convenable, un chop suey de canard.
En en sortant, un ciel extraordinaire dans une journée ensoleillé.
Et enfin, un concert de musique médiévale par l'ensemble Gilles Binchois.
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